Quelques jours après avoir quitté ce pays par lequel nous avons été littéralement charmé, nous souhaitions décrire notre ressenti. Il y a presque 8 mois, lorsque nous avons laissé la France, nous n’étions pas certains de faire une halte en Inde. Une très forte envie de découvrir ce pays faisait face à pas mal d’échos assez durs. Comme on l’a lu et entendu des dizaines de fois : l’Inde on adore ou on déteste, pas de demie mesure… Après maintes discutions, on a choisi de faire le sud, beaucoup moins dur pour une première fois. Et résultat : on fait partie de ceux qui ADORENT.
On aurait pu rétorquer à Mr Aubert qui « rêvait d’un autre monde » qu’il lui suffisait d’aller en Inde! TOUT est différent et pas seulement en surface…
Avant toutes choses, il faut savoir que l’Inde est « magique ». Réellement…. Comme tous voyageurs qui découvrent ce pays, nous sommes titillés par l’envie de « tenter » de comprendre la culture indienne. Nous précisons bien « tenter ». Quelques lectures et rencontres plus tard, selon nous, cette culture est difficilement comprise en intégralité par nos esprits formatés. Pour « tenter » de comprendre il faut faire table rase sur tous nos préjugés encrés depuis plusieurs générations à la « raison » et à la « logique ». Ici la plupart des gens ne font aucune distinction entre la magie et la science, entre le rationnel et l’irrationnel. On peut même se demander si le mot « irrationnel » existe.
Bien au delà de la religion on constate que la magie, les gourous ou autres guides spirituels, les visions, les rêves et l’astrologie ont un sens et une réalité bien définie pour les indiens.
Et après tout pourquoi pas? Chacun est libre de voir les choses comme il l’entend. Souvent, les français (entre autres), ont tendance à avoir une opinion bien négative des gens qui croient en quelque chose à laquelle, eux ne croient pas… Comment ce fait-il que dans un pays ou « liberté, égalité, fraternité » est sensé faire légion, la population est bien souvent incapable d’accepter une idée ou une pensée différente de la sienne? La liberté n’est-elle pas celle de « penser »? L’égalité se cantonne-t-elle dans les similitudes? Est-il nécessaire d’être jumeaux et de se ressembler comme deux gouttes d’eau pour être frères?
Ce pays et son peuple ont ce supplément d’âme qui fait que face à la différence c’est l’intérêt qui se déclare et non la peur ou le jugement. C’est en tout cas ce que nous (et bien d’autres) avons ressenti, et c’est à ce moment là qu’on c’est dit, « oui, l’Inde est vraiment incroyable » à tous les sens du terme….
Et il y a aussi tous les petits détails qui font que « c’est vraiment différent de chez nous! ». En voici quelques exemples :
– la poubelle ça n’existe pas, la poubelle c’est la rue, la plage, le canal…
– cracher par terre très bruyamment, c’est comme respirer, c’est vital…
– la distance de sécurité ça n’existe pas non plus : on te touche, on te colle, on te caresse la main, la joue, en gros on voit avec le corps autant qu’avec les yeux…
– conduire sur une file on connait pas, tant qu’il y a de la place on passe, même si c’est de l’autre côté de la voie en sens inverse…
– les chiens et les chats on s’en fout! Ici c’est les vaches et les chèvres, partout, tout le temps et maquillées de préférence!
– avoir des photos de touristes dans son téléphone portable c’est trop la classe! Et si on n’a pas de téléphone, on échange les rôles, j’adore être pris en photo aussi…
– nous les indiennes nous sommes belles. Quelle que soit notre classe sociale, notre sari plein de couleurs est parfait, des fleurs sont plantées dans nos cheveux et nous sommes parées de tous nos bijoux…
– nous les petites indiennes nous sommes des princesses, nos vêtements sont vos déguisements. Les robes de cendrillons, le maquillage et les bijoux bruyants aux chevilles, aux poignets et autour du cou c’est tous les jours!
– pèlerins dans l’âme, on traverse notre gigantesque pays en groupe d’hommes ou de femmes. Tous drapés de la même couleur, nous allons prier un de nos millier de dieu dans son temple.
– enfin, sourire et aller vers les autres c’est naturel, instinctif, automatique et sans rien attendre en retour…
Le train
Nous arrivons à Madurai par le train de nuit. Nouvelle expérience! Prendre le train en Inde est un véritable casse-tête chinois. On a toujours pas vraiment compris comment ça se passe… Pour certaines classes, il faut réserver des mois à l’avance. Mais beaucoup de gens annulent leur réservation et donc si on s’y prend un peu trop tard, on peut tenter de se mettre dans des listes d’attentes. Il est possible aussi de se rendre à la gare la veille du départ à une heure précise, de se lancer dans une file d’attente à priori intense pour peut être avoir des places…. N’ayant que de courts trajets à faire et pas très envie de se prendre la tête, nous avons opté pour une autre solution : l’agence de voyage sur place. En arrivant à Kochin, on a été dans une petite agence, qui pour quelques roupies nous a trouvé des places. Très peu de choix dans les horaires et pas de choix du tout dans les classes, mais on a eu des billets! Pour le trajet de nuit entre Varkala et Madurai, nous étions donc en Sleepers Class : beaucoup de passagers (1/4 humains, 3/4 cafard…), des couchettes sur 3 niveaux dans un compartiment sans porte ni clim et avec une odeur plus ou moins prononcée d’urine. Le confort est certes restreint mais on sent que les voyageurs n’ont pas l’habitude de voir des touristes dans cette classe, nous sommes les seuls! Là dans notre couchette, on s’installe et on observe. Nous sommes juste à côté d’une famille qui installe une sorte de hamac entre les couchettes pour le petit dernier, les femmes mettent leur bonnet de nuit pour dormir, le papy qui à chaque arrêt du train fait un bruit démentiel en se raclant la gorge pour aller cracher par la porte (à chaque fois un crachat pour la porte de gauche ET pour la porte de droite). C’est l’occasion également de discuter avec ses voisins.. Passage obligatoire pour s’imprégner au mieux!